Le collectif du Bois Landel:
La ferme du Bois Landel est située sur la commune d'Hudimesnil, près de Granville, sur la côte ouest du cotentin. Guy Haras a repris la ferme en 1970 à la suite de son père, il s'agissait alors d'une exploitation laitière de 35 ha. Guy a petit à petit intensifié la production, le quota était de 300 000 litres de lait dix ans plus tard. En 1987, il rachète 25 ha de terre à un voisin, mais pas question pour lui de gérer seul toute cette surface. « J'ai proposé à un agriculteur qui s'était fait expulsé de sa ferme de venir s'associer avec moi, nous avons constitué un GAEC. En 1996, l'associé prend sa retraite et revend sa part de quota laitier, Guy reste seul sur la ferme avec 250 000 litres de quota. « Je n'ai pas voulu reprendre d'associé car il ne me restait plus que 5 ans avant la retraite et je n'ai pas la culture du travail de groupe, de plus comme j'étais très engagé dans la confédération paysanne et souvent absent, la répartition du travail était difficile » explique Guy.
A partir de 60 ans, il cherche à transmettre sa ferme. « Ma volonté d'installer un jeune après moi est farouche, il y a une concentration alarmante des structures agricoles avec une course à l'agrandissement. Avant j'avais cinq voisins, nous nous entraidions pour la traite et les gros travaux, nous avons monté une CUMA, maintenant trois fermes ont été vendues pour l'agrandissement, les exploitants sont à plus de dix kilomètres, alors on ne va pas chercher l'entraide jusque là-bas. Les grosses structures font appel à des vachers de remplacement ou aux entreprises de travaux agricoles, il n'y a plus de lien en local».
Ainsi, Guy a réalisé un contrat de parrainage de 10 mois avec un jeune intéressé pour reprendre la ferme en GAEC avec son oncle, une mésentente met un terme au projet. C'est alors que Stéphane Ronzier propose à Guy une reprise collective de sa ferme.
Stéphane à 39 ans, il est paysan boulanger depuis quelques années et il a rencontré Guy en 1996 après son BPREA. « Je ne suis pas originaire d'un milieu agricole, j'y suis venu sur le tard après plusieurs petits boulot, c'est le seul métier qui me semblait avoir un sens, avec l'enseignement », confie Stéphane. Son BPREA petites productions et vente directe lui permet de découvrir toutes les productions, « beaucoup de gens sur des petites structures qui réussissaient plutôt bien ». Lorsqu'il arrive à Granville en 1996, il sympathise avec Guy qu'il rencontre par le biais de la confédération paysanne. Il cherche quelques hectares de terre pour cultiver du blé et faire son pain, mais son projet semble impossible. Il enclenche même une préemption SAFER sur une ferme de 4 ha qui finalement est rétrocédée à un autre agriculteur déjà en place. Des amis lui prêtent des hectares par ci par là mais le système n'est pas confortable: « il me fallait absolument trouver des hectares pour travailler correctement et accéder au statut d'exploitant agricole, le minimum étant 12,5 ha ».
Stéphane n'est pas tout seul dans sa recherche de terres. Mickaël Deloges a 35 ans et il est lui aussi paysan boulanger. il a appris pendant un an avec Stéphane, en 2006. « Je faisait un métier qui ne me plaisait plus, j'avais envie de quelque chose de plus en adéquation avec mes idées. Un ami paysan boulanger en Mayenne m'a donné le contact de Stéphane à Granville, à deux pas de l'endroit où je venait d'être muté » explique Mickaël. Le contact passe très bien entre les deux hommes et Mickaël se forme progressivement au métier, en aidant Stéphane à réaliser une fournée par semaine.
Depuis janvier 2007, Mickaël partage le four de Stéphane et cultive trois hectares de blé, mais sur des terrains que des personnes lui prêtent. Pour les mêmes raisons que Stéphane il cherchait une situation plus confortable.
Wilfried Léger, 28 ans, est fils de paysans. Ses parents sont associés dans un GAEC d'élevage de bovins et de porcs en Pays de la Loire. Depuis son age de 18 ans il avait envie de reprendre la ferme familiale pour y développer des activités culturelles. Il se forme à l'éducation à l'environnement et travaille quelques années dans ce domaine avant de réfléchir sérieusement à une installation agricole avec sa compagne en 2005 dans la région de Cherbourg. C'est pendant la préparation de ce projet qu'il rencontre Stéphane au cours d'une formation sur le pain. Le projet d'installation ne se fait pas mais Wilfried sait à présent qu'il veut s'installer en collectif. Il devient ouvrier agricole chez un éleveur de porcs biologique en plein air et revoit Stéphane qui lui parle d'une idée d'association pour reprendre une ferme.
La réflexion des trois amis sur la possibilité de reprise des 60 ha de la ferme de Guy a donc débuté il y a deux ans et demi. Stéphane et Mickaël, pour leur activité de paysan boulanger ont besoin de 12,5 ha chacun. Wilfried monte un projet d'élevage de porc en plein air (6 truies) et de vaches allaitantes (6 vaches), le tout sur 18 ha. Une quatrième personne est intéressée pour reprendre une partie du troupeau laitier et faire de la transformation intégrale (10 vaches).
Un cinquième associé rejoint le groupe en 2007 il s'agit de Ghislain, 35 ans, qui compte développer une activité de maraîchage. « J'ai suivi une formation de paysagiste après avoir travaillé pendant 10 ans comme éducateur. Je voulais quelque chose au contact de la nature, et je me suis rendu compte que ce que je préfère dans le métier de paysagiste c'est le jardinage ». Il apprend que Stéphane recherche un maraîcher pour un projet collectif. Les premières prises de contact avec le groupe passent bien, ils se sentent sur la même longueur d'onde. Pour tous sl'agriculture biologique est une évidence. Le collectif est donc au complet pour reprendre la ferme de Guy.
Mais Guy est suspicieux devant ce projet, il veut installer des jeunes en agriculture biologique mais il faut que les projets soient viables, il veut pouvoir être sûr de toucher son fermage. De plus une multitude de bailleurs est une contrainte qui peut être lourde à gérer. Ces intérogations poussent le collectif à étudier à fond le projet. Si la complémentarité agronomique entre les productions est claire, la question de la valorisation de ces petits volumes de production pose question. Stéphane a déjà sa clientèle et vend en direct 180 kg de pain par semaine à 200 consommateurs. Mickaël, avec 140 kg de pain par semaine est à 70% de ses capacités de vente. « Je me suis fixé 180kg de pain par semaine, pas plus, si la demande est encore là alors je préfère aider à l'installation d'un autre paysan boulanger », explique Mickaël. Wilfried a fait le choix d'élever une race de porcs rustique, le porc de Bayeux et de commercialiser tous ses cochons en vente directe. « Avec six truies je table sur cinquantes cochons par ans, élevés pendant 10 à 12 mois, il passent par l'abattoir et après je les découpe chez un agriculteur qui a un atelier de transformation. Pour les vaches je compte faire du veaux de boucherie, je vendrait la viande en caissette, comme pour les cochons ». Un questionnaire distribué aux consommateurs de pain et aux clients d'un maraîcher local lui prédit déjà la commercialisation de tout le veau et d'un tiers des cochons. De plus, pour pouvoir s'installer sans recourir à un emprunt dans une banque, Wilfried a organisé un parrainage de ses animaux: « les personnes de mon entourage qui voulaient soutenir mon projet d'installation ont parrainé l'achat des animaux, je me suis engagé à les rembourser en argent pour certain, et en caissette de viande pour les autres, ce qui me simplifie la recherche de consommateurs pour les premières années. En rythme de croisière il me faudra 300 à 350 clients » explique-il. Le choix du plein air intégral est motivé par la rusticité de la race, le bien être des animaux et la qualité de la viande qui en résulte, la vente directe permet d'expliquer aux clients les raisons de la différence de prix.
Ghislain ne se fait aucun souci pour la vente de ses légumes. . Une AMAP est en cours d'élaboration sur Granville et un ami maraîcher à proximité est saturé de demande, dès que Ghislain sera prêt il lui enverra les clients. Il compte utiliser au maximum la traction animale et des techniques innovantes comme le BRF (Bois Raméal Fragmenté).
Il y a un an, l'associé intéressé par les vaches laitières et la transformation intégrale a préféré se retirer, pas encore prêt pour une installation agricole.
Les quatre amis envisagent donc d'être co-bailleurs de l'ensemble des terres, ceci afin de tranquiliser Guy qui n'aura pas à se soucier des aléas du collectif: si un associé part, les autres s'engagent à payer sa part du fermage et à se répartir les terres libérées. Le choix du mode de fonctionnement pose également question. En effet, les ateliers ne demandent pas tous la même charge de travail, et leur rentabilité est différente, tout comme les exigences de chacun face à la rémunération et au temps de travail. La volonté de souplesse dans le fonctionnement et le respect des attentes personnelles de chacun a conduit à l'adoption d'un statut individuel pour chacun des membres, ainsi chacun mène son atelier comme il l'entend, travail le temps qu'il veut et se rémunère suivant ses besoins sans rendre de compte aux autres. « Nous pensons qu'en évacuant la dimension économique de notre relation, nous nous préservons de beaucoup de sujet de discorde » explique Mickaël, « de plus nous n'avons pas les mêmes attentes financières, une rémunération égale de tous les associés impliqueraient des compromis et un temps de travail équivalent, bref des contraintes dont nous ne voulons pas ». Outre dans le bail, le collectif se retrouve au sein de la CUMA que les associés ont crée. L'ancien matériel de la ferme est divisé en quatre parts égales, pour le matériel neuf, les parts sont prisent à hauteur de l'utilisation de chacun. « Pour l'instant nous avons fait des estimations théoriques, nous allons remettre ça à jour après une année de fonctionnement » explique Wilfried. Le matériel propre à un atelier restant à la charge de cet atelier (par exemple le matériel d'élevage ou les serres de maraîchage). La mutualisation du matériel et des bâtiment permet de diminuer le coût d'installation de manière très importante.
Pour Wilfried, le coût d'installation est de 30 000 euros, il a prévu en plus 10 000 de fond de roulement pour la première année. L'installation sur l'atelier maraîchage est estimée à 40 000 euros, plus 10 000 euros de fond de roulement.
L'entraide entre les ateliers n'est pas formalisée, elle se fera en fonction des besoins et des disponibilités de chacun. Le principe sera proche d'une banque de travail. Chaque semaine, les membres du collectif se réuniront pour étudier les chantiers qui nécessitent des coup de mains et établir de priorités.
Le départ d'une personne ne remet pas en cause les autres membres et la transmission des ateliers est relativement aisée (faible coût, marge de manoeuvre pour redéfinir le système assez importante...).
Tout a été pensé pour qu'en cas de crise relationnelle, les ateliers puissent fonctionner individuellement. « Le fonctionnement du collectif repose sur le partage de valeurs communes, une même conception d'une société « humaine », on est content de construire ensemble ce projet » explique Ghislain. « On pensait à s'installer en individuel avant d'imaginer un projet collectif, en fait c'est une bonne opportunité pour chacun de nous et on se rend compte qu'on y gagne beaucoup plus » précise Stéphane. « Même moi qui était très réticent à l'idée d'un collectif au début je pense que si cette aventure ne marche pas je chercherais à monter un autre collectif ailleurs » confie Mickaêl.
La recherche du cinquième associé se poursuit. « On ne sera vraiment cohérent que lorsqu'il y aura une activité laitière avec transformation, pour l'instant on s'est réparti les terres de cet atelier entre nous mais ça nous fait de trop » explique Wilfried. Comment un nouvel associé peut s'intégrer au collectif? « Ce sera quelqu'un qui trouvera naturellement sa place, on ne cherche pas à forcer les choses » répond Ghislain, « pour l'instant on privilégie une activité vaches laitières car il y a encore du quota laitier sur la ferme, si personne n'est intéressé on pourra envisager des chèvres ou des moutons, en fait se sera avant tout une histoire de personne ». Un candidat intéressé par un atelier poulet de chair a été écarté, « car techniquement ça ne le faisait pas, on se serait retrouver à ne faire que des céréales et puis humainement ça ne passait pas non plus » explique Wilfried.
La promesse de bail a été signée en Octobre 2007 pour reprendre la ferme en Octobre 2008. Le temps pour chacun de commencer à s'installer. Wilfried, qui a acheté en propriété 2 ha sur la ferme se construit son habitat: « j'installe une yourte pour vivre sur la ferme, je sens que cet endroit peut devenir un havre pour des amis de passage, pour ouvrir la ferme sur du culturel. C'est dans cet optique qu'un marché à la ferme sera organisé tous les vendredis soir.
Le bilan après les 6 premiers mois de l'installation montre les difficultés du fonctionnement collectif! Nous retenons que l'aventure humaine est vraiment la chose la plus difficile à gérer lors d'une installation collective, plus que la maîtrise technique des atelier.
mercredi 1 avril 2009
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